"Connais-toi, toi même et tu connaîtras l'univers et les dieux"

Publié le par Elisa Létan

"Connais-toi, toi même et tu connaîtras l'univers et les dieux"

C’est Socrate qui reprend cette injonction inscrite sur le fronton du Temple de Delphes. C’est en se connaissant, en cherchant en lui-même, que l’homme peut trouver la sagesse. Mais deux questions essentielles sont posées par Socrate : - Pour y trouver quoi ? – Par quel moyen ?

Socrate relie « le quoi » à la connaissance. La connaissance de soi est la science première. "Connais-toi toi même" veut dire : renonce à chercher hors de toi, à apprendre par des moyens extérieurs ce que tu es réellement et ce qu'il te convient de faire ; reviens à toi pour découvrir en toi ce qu'il y a de constant et qui appartient a la nature humaine en général. Conception d'une extrême importance car elle proclame qu'en tout esprit humain existe la science, qui intéresse I'Homme et qui n'a besoin que d'être extraite. Le maître n'est plus qu'un auxiliaire qui assiste les esprits pour les aider à émettre leurs idées.

Chacun, dit Socrate, dispose du savoir en lui-même, il suffit de se les rappeler. La connaissance est immanente à l’homme, et non extérieure. La sagesse consiste à apprendre à se ressouvenir (théorie platonicienne de la réminiscence).

"Le comment" : la connaissance de son ignorance. "Connais-toi toi-même" signifie aussi s'interroger sur son savoir. Se connaître est prendre conscience de soi et par là de son ignorance. Socrate déclarait "Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien". Il questionne parce qu’il ne sait rien, sait qu’il ne sait rien, il n’a rien à apprendre, mais il peut aider ses disciples à découvrir les vérités qu’ils ont en eux. Sans ce travail sur soi-même, la vie ne vaut rien selon Socrate :“Une vie sans examen ne vaut d’être vécue“.

Il ne niait pas l'existence de la vérité. La vérité existe même s'il ne la connaît pas ; il vaut mieux une ignorance qui se connaît qu'une ignorance qui s'ignore. Socrate découvrit qu'il avait au moins une science, celle de son ignorance. Il vénérait les dieux tout en avouant son ignorance à leur égard. Cet aphorisme, loin de prouver son scepticisme, témoigne de son désir de vérité.

Platon appellera "double ignorance" le fait de ne pas savoir et de vivre dans I'illusion de son savoir, c'est-à-dire ne pas avoir conscience de son ignorance, La "double ignorance" est grave, malfaisante. "Non seulement tu ignores les choses les plus importantes, mais tu crois les savoir" disait, d'après Platon, Socrate à Alcibiade.

L'objectif moral

Socrate n'a jamais voulu dire : "analyse-toi avec complaisance". La connaissance de soi n'implique pas le repliement sur soi, mais signifie : "Connais le meilleur de toi, vois ce que tu aspires à être, ce que tu es virtuellement, ce qui est ton modèle ; sois un homme, connais tes propres excès". C'est donc un programme de vie morale. La connaissance de soi-même a des applications. Chaque homme doit se découvrir lui-même, prendre conscience de ses idées, de ses capacités, pour ensuite en faire I'examen critique et voir si sa pensée s'accorde ou non avec son action et inversement. D'après Aristote la démarche prioritaire de Socrate fut de définir les vertus et à partir de là de rendre les hommes vertueux. Connaître la vertu est la condition nécessaire. Quand on succombe au mal, c'est qu'on ne le connaît pas, sinon, comment pourrait-on le désirer puisqu'il rend malheureux ? La vertu n'est pas toujours accompagnée de bonheur, mais il est évident que le mal, le vice, qui si souvent satisfont nos désirs de jouissance, entraînent le malheur. Une des grandeurs de la pensée de Socrate fut de ne pas accepter I'opposition du bonheur et de la vertu ; pour les accorder, il fit référence aux maximes de sagesse qui identifiaient la bonne action avec les satisfactions ou les avantages qu'elle procure. II proclama que le bonheur complet ne peut être obtenu que par la vertu.

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